Richesse en poissons
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Introduction :
La rivière des Outaouais abrite une incroyable diversité d’espèces de poisson, du préhistorique esturgeon jaune qui peut vivre plus de 100 ans, jusqu’au minuscule bec-de-lièvre et à la mystérieuse et furtive anguille d’Amérique qui migre dans les rivières d’eau douce jusqu’à l’âge adulte. On ne connaît pas le nombre exact d’espèces de poisson qui vivent dans le bassin versant, mais on croit qu’il pourrait y en avoir jusqu’à 85! Cependant, on ne comprend pas très bien comment le nombre d’espèces, connu sous le nom de richesse de poissons, varie d’un endroit à l’autre. Qui plus est, les données que nous avons suggèrent que la richesse en poissons a diminué de façon importante dans de nombreux secteurs du cours principal de la rivière au fil du temps.
La richesse de poissons est souvent déterminée par les caractéristiques et les habitats qui peuvent abriter de nombreuses espèces. Une plus grande richesse de poissons est normalement souhaitable dans un écosystème, mais une augmentation peut être due à l’introduction d’espèces envahissantes pouvant nuire aux espèces indigènes. En outre, la dégradation de l’habitat peut réduire le nombre d’espèces qui peuvent y vivre, causant ainsi une diminution de la richesse de poissons. Lorsque l’on examine la santé du bassin versant, la richesse de poissons est étudiée sur de longues périodes; s’il y des variations, nous étudions de plus près les changements qui influent sur les populations.
De nombreuses espèces ont une grande importance écologique pour les écosystèmes d’eau douce. Une diminution de la richesse de poissons peut avoir des conséquences sur d’autres organismes dans le même écosystème et sur l’écosystème en lui-même. Inversement, des modifications de l’écosystème et des organismes qui y vivent peuvent avoir une incidence importante sur la richesse de poissons.
Un facteur important qui influe sur la richesse de poissons se produit lorsqu’un habitat se retrouve isolé et/ou fragmenté par des obstacles tels que les barrages qui bloquent le passage entre différents secteurs la rivière. Ces obstacles limitent le déplacement d’espèces qui étaient historiquement présentes sur un plus long cours de la rivière et peuvent entraîner une perte de richesse de poissons. Les barrages sur la rivière des Outaouais ont eu des répercussions importantes sur les espèces migratrices, telles que l’esturgeon jaune et l’anguille d’Amérique. La dénaturalisation des berges peut également nuire aux populations de poisson, car la végétation des zones riveraines leur procure un important habitat en plus d’aider à contrôler la température, le débit et la turbidité de l’eau (moins d’érosion). Les activités humaines ont un impact important sur la diversité des espèces de poisson.
Par ailleurs, les modifications de facteurs, tels que la température, l’oxygène dissous et le débit peuvent s’avérer doublement dommageables, car les invertébrés benthiques, une importante source de nourriture pour certaines espèces, sont extrêmement sensibles aux changements dans ces conditions. Ces changements, même légers et autrement négligeables, pourraient dramatiquement diminuer la disponibilité de nourriture pour les espèces de poisson. Le gel et le dégel peuvent également influencer la richesse de poisson, à la fois directement et indirectement, car ces périodes constituent d’importants signaux biologiques pour de nombreuses espèces aquatiques; tout changement peut modifier des comportements vitaux comme la fraie et la migration, ainsi que la disponibilité de nourriture (fraie/éclosion des invertébrés, croissance des plantes, etc.)
Les données disponibles sur les poissons de la rivière des Outaouais proviennent de sources des pêches commerciales et sportives, recueillies pour soutenir ces activités. Le principal défi à relever pour comprendre la richesse de poissons de la rivière des Outaouais vient de la difficulté à confirmer les populations. Selon les données disponibles, on note une tendance inquiétante à la perte de richesse de poissons dans un certain nombre de tronçons de la rivière des Outaouais.
Que savons-nous de la richesse des poissons dans le bassin versant?
Cette carte illustre la richesse en poissons et les changements survenus au fil du temps à différents points le long du cours principal de la rivière des Outaouais. La richesse en poissons actuelle – le nombre d’espèces différentes recensées par le BsM 2008-2010 de l’Ontario – est représentée par la taille relative des cercles rouges et des nombres blancs à l’intérieur. La richesse en poissons historique – le nombre d’espèces différentes recensées par les études antérieures dans la documentation – est représentée par la taille relative des cercles bleus transparents. Le changement de richesse en poissons – la différence entre les valeurs actuelles et historiques – est représenté par un nombre jaune au-dessus du cercle rouge.
Le nombre d’espèces différentes recensées pourrait avoir été limité par la méthode d’échantillonnage qui pourrait ne pas être uniforme parmi toutes les études et les périodes; les valeurs de changement du nombre d’espèces différentes doivent être considérées comme étant estimatives. On constate toutefois une tendance uniforme et évidente dans toutes les données : la richesse en poissons est plus faible maintenant que dans les périodes antérieures dans la plupart des tronçons de la rivière des Outaouais. La richesse en poissons est un indicateur appréciable de la santé des écosystèmes et il faudrait des méthodes de surveillance plus robustes afin de poursuivre une analyse fiable et conforme.
Relations avec les autres indicateurs :
Richesse en poissons
La richesse en poissons mesure la présence de différentes espèces de poissons dans un écosystème ou un habitat. Une plus grande richesse est préférable en général, mais certains facteurs confusionnels, tels que le type d’habitat et la présence d’espèces envahissantes, peuvent rendre cette richesse menaçante pour la santé des écosystèmes.
Proliférations d’algues
Les algues constituent un groupe d’organismes végétaux unicellulaires ou multicellulaires. La croissance des algues contribue, de la même manière que les plantes aquatiques, à soutenir l’écosystème en produisant de l’oxygène et en étant une source de nourriture pour les petits animaux. Toutefois, lorsque les conditions environnementale dévient de la normale, les algues peuvent proliférer rapidement et créer une surpopulation d’algues.
Température de l’eau
Avec la hausse des températures mondiales, la température de l’eau (notamment la température maximale annuelle) deviendra un important indicateur de la santé du bassin versant dans l’avenir. La température de l’eau est fortement corrélée à bon nombre d’autres indicateurs importants de l’état écologique et peut souvent expliquer, mettre en contexte ou même prédire les changements dans la qualité des habitats.
Oxygène dissous
L’oxygène dissous indique la concentration d’oxygène libre dans la colonne d’eau produite par les plantes aquatique et les algues par la photosynthèse, ou transféré de l’air à la surface de l’eau. L’oxygène dissous est essentiel à toute la vie aquatique et pour la décomposition des déchets organiques. La quantité d’oxygène disponible dépend également de nombreux facteurs abiotiques dont la salinité, la pression et la profondeur, le vent, le débit et l’action des vagues.
Chlorophylle-a
Principal type de chlorophylle dans les plantes vertes et les algues, la chlorophylle a sert à la photosynthèse oxygénique. La mesure de la concentration de chlorophylle a dans un milieu aquatique permet de mieux comprendre la densité et la prédominance des algues, facteurs qui peuvent influer sur la concentration d’oxygène dissous ou indiquer un risque de prolifération.
Phosphore total
Le phosphore est un élément essentiel à la vie. Il joue un rôle structurel dans le matériel génétique (p. ex. l’ADN) et les membranes cellulaires; c’est un composant actif de la production, du stockage et du transfert de l’énergie cellulaire sans lequel les organismes vivants ne peuvent effectuer certains processus (tels que la respiration et l’absorption des nutriments).
Connectivité riveraine
Les zones riveraines naturelles et végétalisées, zones de transition uniques entre les écosystèmes terrestres et aquatiques, ont de nombreux bienfaits. Elles offrent un habitat à la faune riveraine, filtrent les eaux de ruissellement, régulent la température locale et stabilisent la rive. La mesure de la connectivité riveraine donne de précieux renseignements sur la santé du bassin versant et permet de mieux comprendre l’incidence du développement sur la résilience de ces zones.
Surverses d'égouts unitaires
Lors d’une surverse d’égouts unitaires, un mélange d’eaux usées et d’eaux pluviales, est déversé dans un plan d’eau, y introduisant des polluants, des pathogènes et l’excédent des déchets organiques. Les eaux usées non traitées ou traitées inadéquatement posent un risque à la santé des usagers récréatifs, tels que les adeptes de la baignade, des sports de pagaie, etc. Elles compromettent également les écosystèmes aquatiques en diminuant l’oxygène dissous disponible par la présence de matière organique en décomposition.
Débit
La quantité ou le volume d’eau à un moment donné et la vitesse à laquelle cette eau se déplace le long de la rivière en détermine le débit. Le débit peut mettre en contexte un certain nombre d’autres indicateurs et constituer un important facteur lorsqu’on examine la chimie de l’eau ou les impacts des polluants (par exemple, la concentration de pollution aura un impact différent selon que le débit de la rivière est faible ou élevé). En comparant les débits dans le même tronçon de rivière, on peut déceler différentes tendances et les incidences des obstacles au débit sur le biote aquatique.
Changement d’utilisation du sol
L’utilisation du sol renvoie aux différentes affectations des terres, comme l’agriculture, les routes, les espaces urbains, les forêts naturelles ou exploitées, les milieux humides et les aires protégées. Les changements d’utilisation du sol ont des effets sur la quantité d'eau et la qualité de l’eau qui entre dans la rivière par ruissellement et peuvent aider à expliquer les changements associés à d’autres indicateurs dans un milieu donné.
Invertébrés benthiques
Les invertébrés benthiques sont des organismes trouvés dans les sols ainsi que sur les roches et la matière organique qui forment le lit des ruisseaux, des rivières et des lacs. Leur tolérance à la pollution varie énormément selon les espèces; l’abondance relatives des espèces tolérantes ou sensibles à la pollution est un bon indicateur de la qualité de l’eau et de la santé des écosystèmes.
Espèces envahissantes
Les espèces envahissantes sont des espèces non indigènes qui ont été introduites dans un habitat et peuvent supplanter les espèces indigènes. Les espèces envahissantes perturbent l’écosystème établi, ce qui peut entraîner une dégradation de sa qualité et de sa santé.
Mercure dans l’eau
Hautement toxique, le mercure produit naturellement est capté par les plantes et les sédiments et retiré de la colonne d’eau. Toutefois, l’activité humaine produit un excédent de mercure qui se retrouve dans la colonne d’eau. Le mercure dans l’eau est par conséquent un utile indicateur de l’impact humain sur le bassin versant.
Gel/dégel
Le gel survient à la date à laquelle un plan d’eau est entièrement recouvert de glace et le dégel survient lorsque la glace est complètement disparue de la surface. Ces mesures informent sur bon nombre de conditions environnementales, telles que la température de l’eau et le débit.
Autres ressources :
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